L’analyse et l’évaluation du risque de défaillance d’une demande de financement ne s’articulent pas uniquement autour de l’aspect financier. Bien au contraire, elle intègre l’aspect économique sous la forme d’un certain nombre de facteurs liés à l’environnement de l’entreprise.
L’évaluation du risque économique est le point le plus important de l’analyse financière. Il résulte de la somme des risques industriels, commerciaux et humains.
Le tissu industriel tunisien est majoritairement composé de petites et moyennes entreprises et industries (PME/PMI).
Ces PME/PMI ont une caractéristique principale : la formation et la personnalité du dirigeant justifient l’existence de l’entreprise et la structure administrative n’est pas assez forte pour pouvoir lui survivre après sa retraite ou son décès.
Le crédit manager est appelé à veiller à la bonne connaissance du dirigeant et à instaurer un rapport de confiance entre l’établissement financier et le client.
Pour se faire, il doit procéder à une enquête pour constituer une opinion sur la compétence des dirigeants. Cette enquête n’a pas une allure systémique c'est-à-dire une démarche précise mais peut être livrée par :
-Les conversations avec le client.
-Les visites de l’exploitation.
-L’enquête auprès des tiers.
L’étude des dirigeants consiste à :
-Indiquer leur place relative dans l’entreprise s’il ya plusieurs, identifier sa part dans la propriété de la firme ainsi que son intervention dans la gestion.
-Leur âge, leur formation technique : diplômes, postes déjà occupés, résultats obtenus.
-Leur patrimoine : autre affaires.
-Renseignements sur leur valeur : intellectuelle, morale, social.
Le personnel compose une partie essentielle des moyens humains de toute firme. Il est déterminant dans la réussite de l’entreprise.
L’analyse doit porter sur le plan nombre, degré de technicité, taux d’encadrement ainsi que les salaires et le degré du turn-over existant au sein de l’entreprise.
La géographie du capital représente un élément important du risque économique puisqu’elle détermine en grande partie la capacité des associés à donner une impulsion stratégique à l’affaire et surtout à fournir les moyens financiers en levant les capitaux nécessaires en cas de besoin pour pallier à une insolvabilité croissante de l’entreprise.
L’analyse doit faire ressortir les contraintes financières que fait supporter le produit commercialisé à l’entreprise, la partie du cycle de vie du produit (dilemmes, vaches à lait, étoiles, poids mort), si le marché est porteur ou non.
De même, l’analyse doit porter sur le degré de signification de la part de marché accaparée par l’entreprise, sur la possibilité d’un risque clientèle spécifique (érosion du fonds de commerce, défaut de paiement) et sur le dynamisme dans la recherche de nouveaux produits.
Une structure de production flexible permet à l’entreprise de se parer contre les innovations technologiques incessantes ou à une récession du secteur d’activité. Cette flexibilité permet de s’adapter aux modifications brutales du marché et de diminuer les barrières à la sortie souvent trop coûteuse : utilisation du crédit-bail, recours à la sous-traitante.
Pour les besoins de l’analyse du risque de crédit, il est important de cibler le mode de commercialisation de la production de l’entreprise.
Une structure du réseau de commercialisation relativement rigide et difficile à modifier aboutit à un risque économique important qui se présente sous deux formes :
-Risque de décalage entre l’évolution du marché et celle du réseau.
-Risque de disparition brutale du réseau.
L’analyste doit connaître :
-Le périmètre desservi : marché intérieur ou exportation (en tout ou partie)
-La clientèle desservie : agricoles ou in industriels ou particuliers
-Les méthodes de vente employées : progressives ou périmées.
7.Les perspectives de croissance à long terme :
Le crédit man doit tenir compte de la stratégie élaborée par l’entreprise (accroître sa part de marché, spécialisation accrue par l’extension des activités existantes, diversification) ainsi que les montages financiers qui lui sont réservés : fonds propres, bourses, fusion, endettement.
Ceci amène à l’étude de l’évolution du secteur d’activité pour pouvoir évaluer la concordance de la stratégie de l’entreprise avec la conjoncture future de la branche :
-La conjoncture économique générale : période de développement ou de récession.
-La conjoncture dans la branche d’activité de l’entreprise :
-Importance de la branche : essentielle, secondaire, de luxe.
-Cycle de vie de la branché : nouvelle, en croissance, en difficulté fréquentes, en voie de disparition.
-Caractéristiques de la concurrence : loyale, réglementée ou libre.
-Situation de l’entreprise dans la branche : monopole légal, monopole de fait, concurrence.